4.
Danger

 

Cher Colin, mes mains tremblent tandis que je prends la plume. J’ai tout rapporté au père Benedict, et il est en pleine prière. Ce soir, après matines, le sommeil s’est fait attendre. J’ai donc décidé de prendre un peu l’air le long des falaises dans l’espoir que l’exercice m’aiderait à trouver le repos.

Je suis parti en pressant le pas, bien content d’avoir pris mon épais manteau de laine. J’ai fini par apercevoir au loin l’éclat d’un feu de joie. Pensant qu’il s’agissait d’un berger solitaire, je me suis hâté de le rejoindre pour me réchauffer un peu avant de regagner l’abbaye. En m’approchant, je me suis rendu compte qu’il ne s’agissait point d’un berger solitaire, mais d’un groupe de femmes de Barra Head, en tenue d’Ève, qui formaient une ronde païenne autour du feu en entonnant quelque chanson démoniaque.

Frappé d’horreur, j’ai fui cet endroit maudit. Je suis aussitôt allé trouver le père Benedict pour confesser ce que j’avais vu. Que dis-tu de cela, mon frère ? J’avais toujours cru que Wodebayne n’était que le nom d’un clan. Je me demande à présent s’il ne s’agit pas plutôt d’une secte maléfique. Je te prie de m’envoyer au plus tôt ton conseil, car je suis plongé dans le désarroi.

 

Frère Sinestus Tor, à Colin, mars 1768

 

 

* * *

 

 

À ma grande surprise, Eoife McNabb n’a pas sauté de joie en apprenant ma décision. Elle a hoché la tête d’un air très solennel :

— J’espérais que tu ferais ce choix.

J’ai expiré longuement en tentant de me détendre.

— Et maintenant ?

— Tu dois partir pour New York.

— Tout de suite ? C’est impossible ! Mes parents sont partis en voyage, je dois garder la maison et mon chat, et je dois aller au lycée tous les jours, sinon ils me tueront !

Eoife m’a dévisagée. Comprenant le ridicule de ma situation, je me suis mise à rire nerveusement. Une fois la surprise passée, elle m’a souri.

— Très bien, a-t-elle soupiré en haussant les épaules. Je sais que, malgré tes pouvoirs inhabituels, tu restes une lycéenne. Rappelle-toi tout de même que la vie de nombreux sorciers est en jeu. Il doit bien y avoir un moyen pour que tu nous aides tout en continuant à étudier et à nourrir ton chat.

Comme s’il nous avait entendues, Dagda s’est approché d’Eoife, qui l’a caressé en souriant.

— Réfléchissons… Tu as fait la connaissance de Killian, ton demi-frère ?

— En effet.

— Sait-il que tu es sa sœur ?

— J’en doute. Lorsque je l’ai moi-même appris, il avait déjà disparu. Je ne l’ai pas revu depuis.

— Dans ce cas, Killian est peut-être la solution. Si tu lui suggérais de passer te voir, il viendrait, au moins par curiosité. Tu pourrais alors lui apprendre que vous êtes parents. Et lui demander de faire venir Ciaran sous prétexte que tu souhaites le revoir.

Malgré la chaleur des flammes qui dansaient joyeusement dans la cheminée, une sueur froide m’a dégouliné dans le dos. C’était horrible. Le nom même de Ciaran m’évoquait des images et des émotions contradictoires : l’homme compréhensif, fascinant, de la librairie – le sorcier Woodbane terrifiant qui avait voulu m’arracher ma magye. Il m’horrifiait plus que tout et pourtant… il était mon père. Je voulais vraiment le connaître. Mais comment pourrais-je m’en tirer s’il voulait que je rejoigne Amyranth ? Il verrait aussitôt clair dans mon jeu.

— Tu auras jusqu’à Imbolc, a-t-elle repris en me tirant de mes pensées.

Imbolc tombait le 2 février. Moins de deux semaines plus tard.

— Une ou deux choses encore, a-t-elle poursuivi d’un ton pragmatique.

Elle a de nouveau rempli sa tasse d’eau chaude et remis ses feuilles de thé à infuser. Leur fragrance suave, complexe, s’est diffusée dans la pièce.

— Premièrement, tu fonctionneras comme un agent du Conseil et, en tant que tel, tu devras rester en contact avec ton tuteur, c’est-à-dire moi. Nous définirons les modalités tout à l’heure. Si je ne suis pas disponible, tu feras ton rapport à Hunter.

Super ! Mon cœur se serrait déjà à la simple idée de devoir lui parler. Évidemment, je savais qu’Eoife se moquerait de savoir que nous venions de nous séparer.

— Deuxièmement, nous t’enseignerons les sorts dont tu auras besoin pour survivre.

Bon sang, dans quoi m’étais-je fourrée ?

Ses traits se sont adoucis et je me suis demandé une nouvelle fois si elle devinait mes pensées.

— Rassure-toi. Les autres membres du Conseil et moi-même, nous avons confiance en toi. Nous pensons que tu en es capable.

— Très bien, ai-je marmonné après avoir digéré ses paroles. Je contacte Killian tout de suite ?

— Tu as son numéro de téléphone ?

— Non, ai-je admis. Mais je peux lui envoyer un message… télépathique.

Eoife a blêmi.

— Un message télépathique ? Tu y arrives ?

— Euh… oui.

— Décidément… Je pensais que Hunter exagérait, a-t-elle admis. Une sorcière non initiée… qui invoque le feu ; qui envoie des messages télépathiques ; qui puise dans une magye ancestrale… Je pensais repartir déçue. Je m’attendais à devoir annoncer au Conseil que nous n’avions plus aucun espoir.

— Dans ce cas, pourquoi avoir pris la peine de venir ?

— Je suivais les consignes, a-t-elle répondu avec dignité. Crois-moi, je suis bien contente de m’être trompée sur toi. Il est temps de contacter Killian, à présent.

— Entendu.

Killian, ai-je pensé en me concentrant sur son image. Viens à Widow’s Vale.

Nous avons attendu plusieurs minutes en silence. J’ignorais où il se trouvait et je ne savais pas si la distance jouerait sur la réception de mon message. Puis sa réponse est arrivée.

Lorsque je me suis levée, j’étais aussi engourdie que si j’étais restée immobile pendant des heures.

— C’est bon, ai-je appris à Eoife. Je pense qu’il viendra.

— Parfait. Je vais maintenant te montrer comment tracer le sceau de détection. Ainsi, si les choses s’accélèrent et que tu vois Ciaran avant notre prochaine rencontre, tu sauras quoi faire.

J’ai hoché la tête en observant attentivement la rune qu’elle avait tracée dans l’air.

— Le symbole lui-même n’est guère compliqué. Le plus difficile, ce sera de la dissimuler sur lui. Entraîne-toi à le dessiner pour être fin prête le moment venu.

Doucement, j’ai répété plusieurs fois le geste d’Eoife.

— C’est bon, ai-je fini par soupirer. Je crois que j’ai compris.

— Très bien.

Elle s’est levée et a balayé la pièce du regard pour s’assurer qu’elle n’avait rien oublié.

— Je suis ravie d’avoir fait ta connaissance, Morgan Riordan, m’a-t-elle lancé d’un ton formel, la main tendue.

— Rowlands, ai-je rectifié. C’est Rowlands, mon nom de famille.

— Bien sûr… Je vais avertir le Conseil du plan que nous avons élaboré et de la visite prochaine de Killian. Je te recontacterai bientôt et t’enseignerai les sorts nécessaires.

— D’accord.

Je l’ai raccompagnée à la porte, le ventre noué. Après ce que j’avais vécu à New York, je n’aspirais qu’à retrouver une vie plus ou moins normale. Je venais pourtant de me porter volontaire pour entrer dans la cage au lion. Et je risquais de ne pas en ressortir vivante.

 

* * *

 

— Tu sais que nous serions ravies de t’héberger, m’a répété tante Eileen une heure plus tard.

Alors que mes parents étaient partis depuis moins de vingt-quatre heures, j’avais éprouvé le besoin de l’appeler, d’avoir une conversation normale après l’étrange visite d’Eoife McNabb.

— Merci, ça va aller, ai-je répondu. J’ai l’intention de suivre ma petite routine : le lycée, les devoirs, manger, dormir.

Et, quand j’aurai le temps, je tâcherai d’attraper l’un des sorciers les plus dangereux au monde.

— Comme tu veux. Promets-moi de nous rappeler, quelle que soit l’heure du jour ou de la nuit, si tu as besoin de quoi que ce soit ou si ça ne va pas, d’accord ?

— Bien, chef ! ai-je lancé avec une gaieté feinte.

Dès que j’ai raccroché, mes sens de sorcière m’ont titillée. J’ai ouvert la porte d’entrée : Hunter se dirigeait vers moi. Lorsqu’il a levé la tête et qu’il m’a vue, il ne m’a pas souri.

Le simple fait de le voir m’a fait monter les larmes aux yeux. Lui seul aurait pu me réconforter, me comprendre et m’aider. Pourtant, je ne pouvais plus me reposer sur lui. Je savais qu’il valait mieux que je le blesse maintenant plutôt que de le détruire plus tard.

Comme à son habitude, il n’a pas pris la peine de me saluer et s’est appuyé au chambranle de la porte pendant que je me frottais les épaules pour me réchauffer. Il faisait nuit noire et le froid était mordant. Il a attendu que je le regarde dans les yeux pour me lancer d’un ton de reproche :

— Je n’arrive pas à croire que tu aies accepté de participer à ce plan ridicule !

Lorsqu’il s’énervait, son accent anglais était plus prononcé que d’habitude.

— As-tu seulement conscience des dangers que tu vas courir ? a-t-il repris. De ce que tu vas devoir affronter ? Tu vas risquer ta vie !

— Je sais, ai-je répliqué sans perdre mon calme. J’étais à New York, tu te rappelles ?

— Exactement ! Comment peux-tu envisager ne serait-ce qu’une seule seconde de jouer le jeu du Conseil ! Cela ne relève pas de ta responsabilité.

Dans la faible lumière émise par la lampe du perron, j’ai observé un instant son beau visage déformé par l’inquiétude. Je l’avais pourtant connu joyeux, la tête renversée en arrière pour rire à gorge déployée ; j’avais vu ses joues empourprées par le désir et la lueur qui brillait dans son regard avant qu’il ne m’embrasse. Mon cœur a frémi. Je me suis de nouveau frotté les bras pour me donner une contenance.

— As-tu reçu des nouvelles de tes parents ? ai-je voulu savoir.

Ses traits se sont quelque peu détendus.

— Non, a-t-il soupiré en détournant les yeux. Rien du tout. Inutile d’essayer de changer de sujet, je ne veux pas en parler. Ces derniers jours n’ont pas été très rigolos pour moi non plus, Morgan, a-t-il ajouté en me jetant un bref regard.

J’ai hoché la tête, incapable de répondre. Par la Déesse, comme il me manquait ! Comme il me coûtait de ne plus faire partie de sa vie ! J’aurais tant voulu le réconforter, lui dire que tout irait bien, mais j’étais à présent l’une des causes de son mal-être.

— Il fait froid, a-t-il déclaré. Pourquoi rester dehors ? On devrait rentrer.

Lorsqu’il s’est approché de la porte, je l’ai arrêté d’un geste.

— Non.

— Pourquoi ?

Ses sourcils parfaits s’étaient arqués au-dessus de ses yeux vert océan. J’aurais tant voulu qu’il me prenne dans ses bras, qu’il me réconforte en me promettant que tout irait bien…

— Je t’ai dit que mes parents partaient en croisière, non ?

— Et Mary K. ?

— Chez Jaycee.

— Tu es seule chez toi ?

— Oui.

— Et la croisière dure… onze jours, c’est ça ?

— Oui.

Sa voix s’était adoucie. Par la Déesse, comme il m’attirait !

— Alors, entrons.

Il paraissait bien plus calme qu’à son arrivée.

J’ai réprimé un gémissement. Si nous nous retrouvions seuls, comment parviendrais-je à me retenir de le toucher ? À l’empêcher de poser ses mains sur ma peau, alors que je ne rêvais que de ça ? Et où cela nous mènerait-il ? Nulle part. Cela ne changerait rien à mon héritage ni à mes peurs, rien au fait que je risquais de me révéler davantage la fille de Ciaran que celle de Maeve.

— Non, ce n’est pas une bonne idée. Je préfère ne pas me retrouver seule avec toi, c’est tout.

— Alors, allons chez moi ! Sky fera le chaperon.

— On ne sort plus ensemble, tu l’as oublié ?

— On devrait déjà en discuter. Quitte à aborder tes mauvaises idées…

Ne m’en parle pas, ai-je songé, avant de secouer la tête pour ne pas me laisser amadouer.

— On devrait plutôt discuter de toi, et de ton habitude de vouloir contrôler ma vie, ai-je répliqué.

— Je ne veux pas contrôler ta vie. Juste t’aider à ne pas faire de choix irresponsables.

— Tu me crois donc irresponsable ?

— Tu sais bien que non. Je pense que tu t’es décidée sans connaître tous les éléments de l’affaire. Sans savoir à quel point Ciaran et Amyranth peuvent être dangereux. Sans connaître le nombre de leurs victimes. Ni l’étendue des pouvoirs et des connaissances dont ils disposent. Et qu’ils utiliseront contre toi, une sorcière de dix-sept ans non initiée qui étudie la Wicca depuis une durée totale grandiose de trois mois.

Je n’ignorais rien de tout cela, pourtant l’entendre de sa bouche m’irritait considérablement.

— Je suis au courant, merci. Ça ne change rien, je dois tout de même essayer.

Je dois savoir si je suis bonne ou maléfique, ai-je ajouté à part moi. Je dois découvrir le vrai visage de mon père, de mon héritage. Je dois être capable de choisir la voie du bien. Sinon, nous ne pourrons jamais nous remettre ensemble.

— Je ne veux pas qu’il t’arrive du mal, a-t-il poursuivi avec agacement. Sauver le monde, ce n’est pas ton boulot.

— Je n’essaie pas de sauver le monde. Juste un petit bout. Aujourd’hui, Starlocket est menacé – et Alyce en particulier. Demain, ce sera nous. Tu peux bien le comprendre, non ?

Pensif, il a tourné la tête d’un côté puis de l’autre, cherchant une nouvelle approche. Il savait bien que j’étais entêtée et je le voyais peser ses chances de parvenir à me faire changer d’avis.

Il s’est écarté de la maison pour se dresser devant moi.

— Dès que tu as des nouvelles de Killian, préviens-moi.

— D’accord, ai-je répondu en dissimulant ma surprise.

— Je n’aime pas cela.

— Je sais.

— Bon. Alors, appelle-moi.

— Promis.

Après son départ, je suis rentrée en grelottant de froid. Assise devant le feu, j’ai calé ma tête contre le dossier du canapé. J’aurais tout donné pour que Hunter soit près de moi, à cet instant. J’ai soupiré en me demandant si l’amour était toujours aussi douloureux.

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